Pigalle 2009

Publié le par ptite Bestiole

C’était coincé. Petite boite de Pandore qui fait bien son boulot.

 

Puis  un divan, un inconnu qui opine et tend un mouchoir pour essuyer ce qui ne pourra jamais l’être.

Les souvenirs qui se déversent, en un flot ininterrompu, les flashs qui vous étouffent, son odeur qui vous remonte dans les narines et vous écœure.

 

C’était une banale soirée. Un flirt à peine poussé. Des baisers chastes et une promesse de se revoir, le début d’une histoire peut-être.

 

Ne pas se méfier. Il semble si doux, si gentil, si équilibré.

 Rien ne peut arriver.

Rien ne va arriver.

 

Le laisser entrer, s’asseoir et prendre possession de l’espace.

Reprendre là où tout s’était arrêté. Être soudain oppressée, le sentir si lourd contre soi.

 

Puis cette main, ces gestes déplacés qui colorent la peau en bleue.

Son corps si lourds, ses cuisses qui écartent, l’aident à se frayer un chemin.

 

Des vêtements arrachés, des promesses de coups au moindre cri.

Seins griffés, cheveux arrachés, déchirée...L’odeur du sang

 

Le supplier de se retirer, de ne pas  souiller encore plus ce qu’il vient d’abimer.

Son rire, et ses insultes,  rien n’est de sa faute, il a été provoqué.

 

Petite pute.

 

Souillée.

 

Anesthésiée par la douleur, par sa violence, honte et peur mêlées.

 

Une porte claquée. Se trainer sous la douche.

 

Laver, frotter, arracher la peau abimée, larmes et savons emmêlés.

 

Ne pas en parler. Se dire qu’on l’a bien cherché.

 

Qui croirait ? On  l’a laissé entrer.

 

Ne pas porter plainte.

 

Quelque chose d’ignoble est arrivé.

 

Le dégout de soi.

 

Ne plus se regarder dans une glace.

 

Ne plus avoir confiance.

 

La cause de relations avortées, d’un papillonnage savamment entretenu.

 

Ne pas réussir à mettre de mots sur ce qui s’est passé.

 

Puis 3 ans après, dans un bureau sombre, face à cet inconnu qui ne pourra  jamais rien effacer, le mouchoir serré dans la main, réussir à articuler «  il y a 3 ans, un homme m’a violé ».

Publié dans LE PETIT CARNET NOIR

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